L'œuvre est divisée en 4 discours2 :
- De l'esprit en lui-même
- De l'esprit par rapport à la société
- Si l'esprit doit être considéré comme un don de la nature, ou comme un effet de l'éducation
- Des différents noms donnés à l'esprit
Helvétius transforme l'empirisme de Locke en matérialisme sensualiste. Il prétend que « Nous sommes uniquement ce que nous font les objets qui nous environnent ». L'Être sensible prend ainsi conscience de ses besoins et recherche des moyens de les satisfaire3. L'homme est le produit de son environnement et de son éducation. Helvétius défend une morale utilitariste et l'égalité naturelle de l'homme4.
Malesherbes, Directeur de la librairie, accorde le privilège royal à l'auteur après le rapport de deux censeurs, Tercier et l'abbé Barthélémy. L'ouvrage est édité le 27 juillet 1758 chez Laurent Durand. Très vite, il apparaît que la censure a été bernée et le procureur général Omer Joly de Fleury obtient dès le 10 août la suspension du privilège. Helvétius prend peur et fait une rétractation humiliante des thèses qu'il a soutenues, perd sa charge auprès de la Cour et s'exile volontairement dans son château de Voré. La suspension est confirmée par le Parlement de Paris le 23 janvier 1759 ; l'essai est mis à l'index par le pape Clément XIII, enfin brûlé publiquement le 31 janvier.
Diderot, qu'Helvétius a consulté avant d'éditer son livre, fait paraître une critique dans Correspondance littéraire révélant la fausseté des principes (quatre grands paradoxes) mais concluant tout bien considéré sur l'utilité de l'essai qui tord le cou aux préjugés de tout genre. La défense modérée de Diderot va entraîner dans le même opprobre l'Encyclopédie, dont le privilège est retiré le 8 mars 1759.