Paris, avril 1850. Un jeune homme fait paraître ce qui peut être considéré comme le premier manifeste anarchiste de l'Histoire : L'Anarchie, journal de l'ordre. Anselme Bellegarrigue, qui serait né entre 1820 et 1825 à Toulouse, est le maître d'œuvre de ce journal qui se voulait mensuel et dont deux numéros seulement verront finalement le jour.
On sait peu de choses de ce singulier personnage que fut Anselme Bellegarrigue, sinon qu'il a été l'un des observateurs les plus lucides des lendemains de la révolution française de 1848, et des dangers d'appropriation des pouvoirs du peuple par des représentants élus. Son Manifeste de l'anarchie, publié dans le premier numéro de son journal, constitue UN VIRULENT PLAIDOYER CONTRE LA FARCE ÉLECTORALE, LA FOURBERIE DES PARTIS POLITIQUES, AINSI QU'UN VIBRANT APPEL À L'ABSTENTION GÉNÉRALISÉE.
Mais ce qui fait de Bellegarrigue un auteur qu'il vaut la peine de lire encore aujourd'hui, c'est sans l'ombre d'un doute sa défense acharnée de la liberté : « Qui donc tremble devant la liberté, si ce n'est la tyrannie ? La liberté menaçante. Ce qui effraye en elle c'est le bruit de ses fers. Dès qu'elle les a rompus, elle n'est plus tumultueuse ; elle est calme et sage. »