Sur la vieille terre flamande, les villes se touchent, plus serrées qu'en nul autre pays d'Europe, surtout lorsqu'on a quitté la Flandre française et franchi la frontière après Lille.
Et ce sont toutes de vieilles cités historiques, illustres pour le rôle considérable joué aux grandes époques du Moyen-Age, et enrichies par les grands courants commerciaux et maritimes du temps de la Hanse, des villes fameuses pour la grandeur souvent épique de leur histoire mouvementée, pour l'indomptable vaillance de leurs fourmillants bataillons des Métiers et des Communes, dans les grandes luttes contre la puissance féodale ou la domination espagnole.
Elles sont si rapprochées que, du haut des beffrois, les guetteurs pouvaient apercevoir de tous côtés d'autres beffrois, d'autres flèches pointant dans le bleu du ciel, sur les horizons plats.
Dans les Flandres de jadis, c'étaient de vastes ports ouverts sur le monde entier, au fond de quelque estuaire de grand fleuve arrivant du fond des Allemagnes, ou de grandes cités industrielles au cœur du pays, mais rattachées à l'Océan par la mince ligne de quelque canal où se suivaient à la file les navires venus de pays lointains, pendant que sur toutes les routes de terre les chariots de marchandises, en longs convois, apportaient tous les produits de l'Europe, du levant au couchant.