« La première chose que je vis d'elle fut sa cheville, délicate, nerveuse, qu'enserrait la bride d'une sandale bleue. » Cette jeune femme qui descend l'escalier d'un restaurant de Manhattan, élégante, rieuse, assurée, c'est Rebecca Lynch. Werner Zilch, qui l'observe, ne sait pas encore que la jeune artiste est aussi une richissime héritière. Werner n'a pour lui que ses yeux bleus délavés. Son nom étrange. Et une énergie folle : enfant adopté par un couple de la classe moyenne, il rêve de conquérir New-York avec son ami Marcus.
Werner poursuit Rebecca, se donne à elle, la prend : leur amour fou les conduit dans la ville en pleine effervescence au temps de Warhol, Patti Smith et Bob Dylan. Jusqu'au jour où Werner est présenté à la mère de Rebecca, Judith, qui s'effondre en le voyant. Ainsi se rouvre le dossier douloureux des origines de Werner. Qui Judith a-t-elle reconnu dans ces traits et ces yeux presque gris ? Quels souvenirs hideux cache-t-elle sous ses bracelets d'or ?
« Le dernier des nôtres », c'est une histoire d'amour impossible au temps où tout était possible : Rebecca disparaît sans explications ; Werner élève des gratte-ciels flamboyants et voit ses nuits traversées de rêves incendiaires. L'auteur nous guide avec puissance et émotion dans ces mondes que tout éloigne : l'Amérique libre, joyeuse, insouciante des seventies ; l'Allemagne nazie, la destruction de Dresde et les débuts de la guerre froide où Soviétiques et Américains se disputent le professeur Von Braun, inventeur des missiles V2.
Adélaïde de Clermont-Tonnerre tisse une toile énigmatique, drôle, sensuelle, traversée de personnages inoubliables. Certains glorieux, d'autres inconnus.