"J'avais un copain. C'était la romance. On a cassé. La tristesse ne m'a pas ratée, elle m'a fait pleurer, puis elle m'a laissée. Beaucoup de garçons me tournent autour pour que je leur cède l'amour. Je ne suis pas encore prête à ça. Je ne sais pas si je pourrais tomber amoureuse d'un garçon hutu. A Nyamata, zéro risque, on se connaît tous. Je connais les garçons de Gatare, et ceux que je côtoie dans des activités. Même dans la grand-rue, on sait d'où vient chacun, on marque net la distance de l'amour. A l'université, c'est la foule de la jeunesse, ce peut être différent. On y fréquente des garçons sans rien connaître de leur famille. On se parle, on se taquine, on se plaît. Il y a des Hutus qui se montrent élancés comme les Tutsis et se présentent polis et fignolés pareillement, sauf lorsqu'ils ne sont pas d'accord. S'ils se montrent en bonne entente, aucune de chance de les identifier, l'amour peut en profiter pour se glisser. Si je découvrais mon amoureux hutu, je me verrais bousculée. Mais je pense que je pourrais bien ne pas l'abandonner. Comment le savoir ?" Sandra