La rapidité avec laquelle la sphère financière intègre l'automatisation ainsi que de nouvelles activités spéculatives qui rapportent toujours plus de profits suscitent une indignation de plus en plus marquée. Si les citoyens "indignés" perçoivent certains instruments de la finance - tels que les produits dérivés - comme trop spéculatifs, complexes et dangereux, ce n'est pas le cas des promoteurs de ces produits. Ces derniers s'inscrivent dans des actions collectives visant précisément à "légitimer" leurs produits et à convaincre de leur utilité. Cet ouvrage a pour objectif d'interroger ce travail de légitimation de produits financiers souvent complexes.
L'auteur étudie plus particulièrement le réseau de promotion des Exchange traded funds (ETF) en France. Ces fonds cotés permettent aux investisseurs d'obtenir la performance de l'indice souhaité tout en investissant de manière instantanée en bourse. Décrits comme simples, transparents et liquides dans la presse économique, avant la crise financière de 2007, ils comportent pourtant des risques qui n'y ont jamais été mentionnés. Pour rendre compte du travail de coordination qui permet aux promoteurs d'ETF de "légitimer" leurs produits financiers, l'auteur détermine trois principales modalités : la création de "niches sociales" où se déploie la coopération entre financiers concurrents ; le contrôle social exercé par ces financiers sur des récalcitrants, comme les journalistes, qui risquent de délégitimer les produits financiers ; l'apparition d'un ou de plusieurs acteurs disposant d'un statut social suffisant pour coordonner cette action collective de légitimation.
Ce livre destiné aux chercheurs et étudiants en sociologie ainsi qu'aux gestionnaires et économistes, intéressera également le grand public.