Trente ans durant, de par la volonté de Louis XV et sous la direction du prince de Conti, puis du comte de Broglie, un service secret - le Secret du Roi - fonctionne à l'insu des ministres et de la cour. Son objectif ? Asseoir Conti sur le trône de Pologne, seul trône électif en Europe. Dans un deuxième temps. après le désastreux traité de Paris qui conclut la guerre de Sept Ans, il s'agit d'organiser la revanche contre l'Angleterre, notamment en préparant un débarquement sur la côte anglaise.
Si l'on s'intéresse à l'Histoire, et aux affaires secrètes, comment ne pas se passionner pour ce réseau clandestin dont quelques agents s'appellent Vergennes, d'Eon, Breteuil, autour duquel gravitent un Beaumarchais ou un Dumouriez, et qui aura pour adversaires acharnés la marquise de Pompadour et Choiseul ? Techniquement, le Secret du Roi fait entrer la France dans l'ère du renseignement moderne, réseau strictement cloisonné, à vocation européenne, poursuivant des objectifs à long terme. Nous sommes loin des missions ponctuelles confiées, par exemple, à l'excellent agent que fut Voltaire. Aussi bien les péripéties qui scandent l'histoire du Secret sont-elles de la même sorte que celles qui ébranlent nos services contemporains : lutte toujours recommencée entre chiffreurs et casseurs de codes adverses, morts suspectes, défections imprévisibles, retournements d'agents, avec, pour les chefs du Secret, la hantise permanente -hélas ! trop souvent justifiée...- d'être " lâchés ", par l'autorité suprême, en l'occurrence Louis XV.