La graisse, ce n'est ni de l'âme, ni du corps, ni de la chair, ni de l'esprit, c'est ce que fabrique le corps fatigué ! " Ainsi parle Lichtenberg. On pourrait en dire autant de la pensée : la pensée grasse, c'est ce que fabrique l'esprit fatigué, il continue de produire, mais il produit du gras ! Une œuvre peut s'élaborer par accumulation ou par épurement. Il y a ceux qui construisent des systèmes par ajouts successifs, et ceux qui épurent jusqu'au fragmentaire... Ce sont encore deux formes d'écriture : celle qui agglomère et élabore des ensembles par complexité croissante et celle qui au contraire disperse, attentive aux détails. Le travail de Jean Baudrillard porte aujourd'hui sur le détail, le fragmentaire, dans l'écriture avec l'aphorisme ou dans la photographie. Le détail qui n'est pas le déchet : dans le détail, chaque chose est parfaite... Ainsi la photo : pris dans son ensemble le monde est bien décevant, mais chaque détail du monde pris dans sa singularité est parfait ; il n'y a pas à chercher à le parfaire, puisqu'il l'est déjà ! S'attacher au détail, c'est aussi contester l'idée que toute chose s'accomplirait dans son évolution : la fleur est parfaite, le fruit aussi, mais il ne l'est pas plus que la fleur, sous le prétexte qu'il en réaliserait les potentialités...