Après De plume et d'épée, qui retraçait les jeunes années d'Arnaud d'Espalungue, après Les Cavaliers de Belle-Île, dont les péripéties se situent au sortir de la Fronde, Au royaume des ombres traite du règne personnel du Roi-Soleil, entre 1661, année de la disgrâce de Fouquet, et 1682. Les aveux d'Anne d'Autriche mourante au roi son fils entraînent bientôt l'arrestation et la mise au secret d'un mort-vivant mystérieux dont l'existence constitue un péril sans précédent pour la Couronne, péril d'autant plus grave et d'autant plus paradoxal qu'il ne saurait être question de l'assassiner ou de le maltraiter outre mesure. Le prisonnier sans nom sera ainsi maintenu plus de trente ans dans le secret le plus rigoureux. Pour le baron d'Espalungue, pour d'Artagnan, Aramits (tel était bien son nom) ou Porthos, il ne s'agit plus de préserver tant bien que mal l'honneur d'une reine imprudente, qui a été jadis sacrifiée à la raison d'État, mais de collaborer, de gré ou de force, à une infamie politique qui soulève, chez tous les responsables, d'épineux problèmes de morale. De Stamboul au sinistre Pignerol, de Pignerol à Exilles, notre héros est aux premières loges pour goûter l'amertume de la situation.