Nous sommes au XIIIème siècle. Le catharisme envahit les provinces du sud à la vitesse d'un cheval lancé au galop. Frustré par l'échec de la quatrème croisade, le pape Innocent III sent se développer un nouveau schisme au sein même de la chrétienté. Déjà, l'autorité des prélats catholiques est contestée. Il est vrai que l'alternative religieuse proposée par l'Eglise cathare a de quoi séduire ! En effet, cette dernière est maintenant structurée, avec ses rites, son dogme et son clergé composé de bons-hommes et de bonnes-femmes, réunissant aussi bien le petit peuple que les nobles et les seigneurs. Cette contre-Eglise prêche l'amour et la tolérance, la pauvreté et l'abandon de toute chose matérielle. On comprend dès lors l'empressement du pape à la qualifier d'hérétique et à tout mettre en oeuvre pour l'abattre. En 1209, Béziers brûle encore et Carcassonne voit s'installer l'ost catholique sous ses remparts. Pour les habitants de Dufort, petit village des Corbières, sonne l'heure de l'exode. Ils vont devoir traverser des territoires hostiles, déchirés par la guerre et fuir sans cesse. Amiel Estanhol est l'un d'entre eux. Trente-cinq années plus tard, devenu à son tour cathare, il nous raconte leur dangereux périple, et tandis que sous ses yeux se met en place le siège de Montségur, il nous parle de la vie quotidienne de ces bonnes-femmes et de ces bons-hommes restés, jusqu'au bûcher, fidèles à leur croyance. Un roman passionnant et extrêmement bien renseigné par l'auteur. En effet, Gérard Raynal met en lumière les dominantes principales de la foi cathare et décrit avec précision le déroulement des faits historiques. Une rigueur descriptive qui permet de ressentir au tréfonds de notre être l'âme de ces damnés de la foi. Ce roman nous transporte littéralement dans une autre époque au côté de personnages attachants que l'on a du mal à quitter.