La Bretagne armoricaine est la seule terre chrétienne, hormis l'Irlande, à avoir conservé fidèlement la mémoire d'innombrables « saints », connus ou inconnus, réels ou imaginaires, à la fois dans la dévotion populaire et dans la toponymie. Mais qui sont ces « saints » dont la vie et les couvres ne sont accessibles qu'à travers le brouillard plus ou moins légendaire des temps obscurs ? Certains ont été reconnus officiellement par l'Eglise catholique romaine à partir du XIIe siècle, et d'autres, avant cette époque, ont été revêtus par le peuple de cette sainteté.
Cet ouvrage ne prend en compte que cette dernière catégorie, les « saints » voce populi qui ont donné à la Bretagne non seulement son ardente et constante spiritualité, mais également ses structures politiques, sociales et même économiques. Quelle qu'ait été leur authenticité, ils sont en fait les véritables fondateurs d'un Etat, au sens moderne du mot, qui demeurera indépendant jusqu'en 1532.
On y compte le plus souvent des chefs de clans, des bâtisseurs, des moines « fous de Dieu », des ermites isolés sur des landes sauvages ou fondateurs d'abbayes célèbres, des guérisseurs. Mais filtrent aussi les résurgences d'un passé préchrétien : les dieux des temps druidiques se reconnaissent parfois sous les traits d'un pieux personnage dont la statue domine l'autel d'une église paroissiale ou d'une chapelle de village.
Découvrir la vie de ces saints, c'est plonger dans le mystère des origines et, en allant de surprise en surprise, comprendre avec plus d'intensité le caractère profondément religieux d'un peuple.