"En août 1981, ma valise était prête en vue d'une cinquième visite à Panama, quand je reçus par téléphone la nouvelle de la mort du général Omar Torrijos, mon hôte et mon ami. Le petit avion à bord duquel il se rendait à la maison qu'il possédait à Coclesito, dans les montagnes panaméennes, s'était écrasé, ne laissant aucun survivant. Quelques jours plus tard, la voix de son garde du corps, le sergent Chuchu, alias José de Jesus Martinez, ex-professeur de philosophie marxiste à l'université de Panama, professeur de mathématiques et poète, me dit ceci : "Il y avait une bombe dans l'avion. Je le sais, mais je ne peux pas vous dire pourquoi au téléphone." C'est alors que l'idée me vint de rédiger un court mémoire personnel à partir des journaux que j'avais tenus durant les cinq dernières années, une façon pour moi de rendre hommage à l'homme pour lequel je m'étais pris d'affection pendant cette période. Mais dès que j'eus écrit les premières phrases suivant le titre, "À la rencontre du général", je m'aperçus que je n'avais pas seulement appris à connaître le général au long de ces cinq années - il y avait aussi Chuchu, l'un des rares hommes de la garde nationale en qui le général avait placé une confiance totale; il y avait cet étrange et beau petit pays coupé en deux par le canal et la zone américaine, un pays qui avait revêtu, grâce au général, une grande importance dans les luttes de libération qui se déroulaient au Nicaragua et au Salvador."