Au XVIIIe siècle, la philosophie scolastique, par incompréhension de la science moderne, semble défunte. Par la suite l'enseignement religieux se disperse dans l'éclectisme, nonobstant quelques philosophes catholiques (Lamennais, De Bonald, Gerbet, Rosmini, etc) trop irréductibles pour être ramenés dans le giron de la doctrine ecclésiale. Unir les penseurs catholiques pour la conquête de la pensée moderne, tel est, semble-t-il, le dessein de l'Église fin XIXe siècle en ressuscitant le thomisme afin de concilier tradition et progrès au sein de la doctrine scolastique (encyclique Æterni Patris du pape Léon XIII, 1879). On peut distinguer dans le néo-thomisme trois tendances : a) L'école historique, qui considère le système en soi, comme événement remarquable du passé (les scolastiques se rapprochent des historiens de la philosophie médiévale) ; b) L'école critique, qui considère quelques-unes des vingt-quatre thèses comme opinions probables seulement ou discute la thèse de l'unité de forme et celle de la distinction réelle entre essence et existence ; c) L'école progressiste qui applique les principes du thomisme aux problèmes nouveaux, se proposant de les renouveler. C'est l'approche du Père Sertillanges pour qui la réflexion thomiste se répand dans l'ensemble des domaines, de la politique à la métaphysique, de la morale à l'épistémologie. Le néothomisme réactualise le réalisme en philosophie.
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