Des jours que j'ai ce mec en face de moi. Cette salle, elle était différente, mais je la connais. Pas la première fois que je combats ici. Quatrième round. Le ring est dur. Les vieux bourrins préfèrent les terrains lourds. Kravine a dopé son mec. Deux reprises et je le cueille. Des bras, le salaud. Des bras mais pas de ventre. J'vais rentrer dedans. La dope va le lâcher. Il lui restera ses vingt ans. Qu'est-ce qu'on sait à vingt ans ? Concentre-toi. Une belle gueule, ce Noir. Des ressorts à la place des mollets, des épaules de tueur et une belle allonge. Un match de merde, ouais. Trop de rebond. Quatre-vingt-onze kilos. L'avantage est pour lui sur ce futon. Vingt ans de moins. Quarante balais, George. Bougerai pas avant qu'il soit naze. Fait pour encaisser. George, il encaisse comme un mur. Le Mur. C'est comme ça qu'on m'appelle. Ou George le Flic. J'aime pas qu'on m'appelle comme ça. Concentre-toi. J'me fatigue moins à prendre les coups qu'à les éviter. Combien de temps encore tu vas encaisser ? Faudra bien que les comptes s'équilibrent. Pense pas à ça ! Boxe. Il essaie de placer son pied gauche, me tourner par l'extérieur. J'ai pas d'extérieur. Quatre murs. Des crochets de première. Il vient d'une île, me souviens pas laquelle. Une machine à tuer. Il me regarde dans les yeux. Kravine a choisi la salle. Paolo s'est arrangé avec lui. «Un combat pour toi, George.» Match de merde. Encore une réputation. Kravine veut que son nouveau se fasse les dents dessus. Tout le monde dit que je suis fini. Kravine se méfie quand même. La dope, le ring, la salle pleine de mecs qui sont pas venus pour moi. Changement d'affiche à la dernière minute. Un vieux truc. J'ai pas de public. J'en ai jamais eu. Un combat de merde pour toi, George.