Retenez votre souffle. Ne bougez pas.
Nous sommes derrière son épaule.
Nous dénouons la cordelette qu'André Gide n'a pas dénouée en recevant le manuscrit de Du côté de chez Swann empaqueté par Céleste.
Nous ouvrons le manuscrit que Gide, fiction ou légende, n'aurait pas lu. Trop long, trop de phrases, trop de phrases trop longues, trop de détails, trop de particules, trop de salons, trop de tout. Trop de Proust.
Non, Céleste n'est pas restée derrière la porte de la chambre de liège, et Swann n'existe pas, pas plus qu'Albertine. Rien n'existe encore, ni la tante Léonie, ni Gilberte, ni Saint-Loup, ni Vinteuil, ni les Verdurin, ni les Guermantes, ni Elstir, ni Cottard, ni personne.
Nous sommes seuls.
Nous découvrons la promesse d'un grand écrivain. Nous découvrons Proust.