L'essentiel de L'Italien, c'est cela. La mère folle qui veut empêcher à tout prix le mariage de son fils avec quelqu'un qui n'est pas de son rang. Et à partir de là, l'intrigue se dénoue sur le mystère de la naissance d'Elena, sur les gens qui tentent tout pour mettre des bâtons dans les roues du couple. Sur les religieux et l'inquisition qui se mettent de la partie. Sur les doutes d'Elena qui, à cause de toutes les difficultés, demande à Vivaldi du temps pour réfléchir. Je crois qu'il faut se replacer dans le contexte de l'époque et des mœurs, de l'omniprésence de la religion pour apprécier réellement ce roman. Au lecteur d'aujourd'hui, il peut paraître un peu tiré par les cheveux, surtout lorsque les événement s'enchaînent à tel point qu'on a l'impression que tout est trop bien synchronisé. Outre le gothique et le roman noir, on peut voir aussi dans L'Italien, une sorte de roman d'aventures. Ces grandes chevauchées dans les contrées désolées à la recherche d'un endroit où se cacher, ces combats pour défendre sa peau et ces enlèvements à répétition sont dignes des meilleures scènes d'action.
C'est à l'église de San Lorenzo, à Naples, que le comte Vincenzo de Vivaldi vit pour la première fois Elena Rosalba. La douceur et le charme de la voix de la jeune fille, qui se mariait aux chants sacrés, attirèrent d'abord l'attention du jeune homme. Le visage d'Elena était couvert d'un voile ; mais une distinction rare et une grâce parfaite émanaient de toute sa personne. Curieux de contempler des traits dont l'expression devait répondre aux accents émus qu'il venait d'entendre, Vivaldi ne quitta pas la jeune fille du regard tout au long de l'office ; puis il la vit sortir de l'église en compagnie d'une femme âgée à qui elle donnait le bras, et qui paraissait être sa mère ou sa tante. Il se mit à les suivre ; mais elles marchaient assez vite, et il faillit les perdre de vue au détour de la rue de Tolède. Pressant le pas, il les rejoignit au Terrazzo Nuovo, qui longe la baie de Naples ; là, il les devança quelque peu, mais la belle inconnue restait toujours voilée ; et le jeune homme, retenu par une timidité respectueuse, qui se mêlait à son admiration, refrénait sa curiosité. Un heureux accident vint à son aide : en descendant les degrés de la terrasse, la vieille dame fit un faux pas ; et comme Vivaldi s'empressait pour la soutenir, le vent souleva le voile d'Elena, et découvrit aux regards du jeune homme une figure plus touchante encore et plus belle mille fois qu'il ne l'avait imaginée. Sur les traits de la jeune fille - des traits d'une beauté grecque - se peignait la pureté de son âme et dans ses yeux bleus éclatait la vivacité de son esprit. Elle était si occupée à secourir sa compagne, qu'elle ne s'aperçut pas d'abord de l'admiration qu'elle inspirait, mais elle n'eut pas plutôt rencontré le regard éloquent de Vivaldi, qu'elle rougit et rebaissa son voile...