« Il portait une chemise blanche, un jean bleu nuit, il était très élégant. Quand je suis arrivé, son père lisait le journal dans la grande pièce, le double living. Je pense à ma mère en disant cela : un double living, ça lui plaisait. Au bout d'un certain nombre d'années, tous les mots vous font penser à des gens, et les gens disparaîtront, mais pas les mots. Les mots ne disparaîtront jamais tout à fait. » Ces disparus, ces paroles enfouies persistent à éclairer notre route, à nous montrer le chemin : il faut continuer d'aimer, malgré les abandons et les chagrins. Que lisiez-vous en 1983, Duras ou Albertine Sarrazin ? Étiez-vous fan des Pink Floyd ou de Keith Jarrett ? Fréquentiez-vous le pub Renault ? Et ces autres miracles de nos vies ordinaires. Il faudrait s'arracher le cœur nous murmure que notre jeunesse est éternelle: tout un monde qu'on croyait enseveli réapparaît. En fait, il n'avait jamais cessé d'exister.