Un homme se penche sur son enfance. Après le décès de son père et le départ de sa mère, il est élevé par ses grands-parents. Le grand-père, propriétaire terrien, juriste, mutilé de guerre et musulman d'une grande piété, s'efforce de lui inculquer les principes de l'islam tandis que sa grand-mère lui conte inlassablement des légendes issues de la tradition turque. Il se crée ainsi son propre imaginaire, hanté par le bien et le mal et les épisodes de la vie de Mahomet. Devenu adulte, il trouve, parmi les papiers de son grand-père décédé, un carnet de notes prises en Arabie pendant la Première Guerre mondiale, où celui-ci raconte comment il a dû combattre d'autres musulmans et défendre la ville sainte de Médine contre les Arabes insurgés et alliés des Anglais. Dans ce magnifique roman pour une bonne part autobiographique, scandé en une sorte de contre-chant par les monologues des filles d'Allah, idoles des Mecquois et des bédouins avant l'islam, Nedim Gürsel fait un retour sur les sources de sa pensée et de son écriture, s'interroge sur la foi et sur la Turquie moderne née de la dépouille meurtrie de l'empire ottoman.