"Je m'appelle Khuê. J'ai vingt ans cette année et je vais vous dire franchement : personne ne capte rien.Tenez, ma famille, par exemple. J'ai un père, une mère et un grand frère qui sont cons comme leurs pieds. Non, mes parents ne sont pas cons, simplement des gens normaux, voire des parents qui ont réussi dans la vie. [...] Mon père est un écrivain célèbre qui, il fut un temps, a été la coqueluche des jeunes générations. Il a toujours su garder l'honneur sauf, j'en suis pas peu fier et lui sais gré de n'avoir jamais rampé devant personne."
D'emblée les personnages et leur histoire sont campés : un père et un fils s'aiment et se déchirent. Heureusement, grâce à la sagesse des adultes - celle qu'il fuit ! - le jeune homme révolté comprendra vite l'inanité, pour ne pas dire le danger, véhiculés par la nouvelle donne d'une prétendue modernité.
"Une espèce de tristesse angoissée m'étreint. Alors,en Amérique aussi, l'existence n'est pas si peinarde que ça ? "se demande le narrateur. Faillite des anciennes valeurs, des valeurs nouvelles qui n'en sont guère. Pas facile d'être jeune au Viêt-Nam.
À nos vingt ans se lit comme un conte initiatique - un conte pour grandir, "devenir homme". Avec ce premier roman, Nguyên Huy Thiêp a voulu écrire, sous des allures picaresques, une exhortation à l'espoir. Ne pas se lasser de la Terre, regarder aussi vers le bleu du ciel où flottent toujours les cerfs-volants de l'enfance.