Voici le premier livre inédit que, depuis plusieurs années, Gustave Thibon accepte de publier. Il explique son silence par un proverbe chinois cher à Claudel : « Tout ce qui peut s'enseigner ne vaut pas la peine d'être appris ». Corrélativement, tout ce qui mériterait d'être appris ne peut guère s'enseigner. Aussi Gustave Thibon ne prétend-il pas enseigner. Son livre est fait de coups de sondes, d'éclairs, de tonnerre. Il ébranle le lecteur, en appelle à son intuition, éveille en lui le sens de son destin, dévoile les profondeurs de son désarroi. Chacun se trouve renvoyé à sa propre intelligence, à la responsabilité de sa propre décision, aux conséquences de ses actes. Ce n'est pas un enseignement, c'est beaucoup plus: une provocation enflammée à la réflexion. À chacun de se formuler ensuite ses conclusions, de peser sa situation dans le monde, de se mesurer à sa propre vocation humaine. Le rêve du penseur essaie de se réaliser ici : évoquer ces grandes lignes de force du génie humain qui sont la marque de l'éternité dans le temps, où les mêmes intuitions fondamentales se retrouvent, sous des éclairements différents, chez les saints, les sages et les poètes de tous les siècles. Il existe un écart vertigineux entre ces intuitions et la réalité vécue des hommes, une rupture à l'intérieur même de l'homme, mais aussi le pouvoir de se réintégrer dans l'unité. Un style éblouissant, des phrases au profil de médaille, que l'on voudrait se graver dans la mémoire : « Dieu, s'il n'est pas la lumière qui transfigure, devient le masque qui déguise ». L'œuvre de Gustave Thibon est considérable et d'un rayonnement mondial. Enraciné dans son terroir, l'auteur scrute la condition humaine et le conditionnement social avec une profondeur fulgurante. Un très large public en France, et hors des frontières, appelle le conférencier, qui s'exprime sans concession, et ce public désire retenir et méditer ses aphorismes provocants.