Aimer un écrivain contemporain, c'est forcément d'un amour complet et indécis, assuré et imprévu - d'un vrai amour, quoi. Écrire sur un contemporain, c'est s'exposer à un double démenti, de la part de l'œuvre dans l'avenir, de la part de l'auteur dès le présent. Mais à quoi servent les écrivains s'ils ne font pas écrire? Les récits critiques contenus dans ce volume, ces aventures dont des livres et leurs auteurs sont les héros (Hervé Guibert, Marie NDiaye, Christine Angot, Rachid O., Mathieu Lindon), ne prétendent à aucune vérité autre que celle qu'atteint parfois la fiction. Ils racontent une œuvre prise dans l'engrenage de la littérature, ils sont la voix de la lecture, d'une lecture évidemment, s'exprimant par écrit. Ils sont une autobibliographie, comme le dit le sujet du dernier texte. J'ai tâché de mettre par écrit ma façon de lire des auteurs qui me sont proches, d'exprimer mon affection pour eux et leur œuvre. Contemporain sous-entendant vivant, on peut s'étonner de trouver ici un texte sur Hervé Guibert, mort fin 1991, mais il m'a été si longtemps si contemporain qu'il le demeure.