Les Chroniques de la Grande Séparation, dont les trois volumes initiaux sont parus, à raison d'un par an, entre 1971 et 1973, constituent les premiers pas en Anticipation de l'auteur de La Compagnie des glaces. Il est clair que celui-ci, qui avoue ne pas être amateur de Science-Fiction, a cédé à la demande de son éditeur, comme d'autres de ses collègues. Comme eux également, il a l'habitude de passer sans crier gare d'un genre à l'autre, à la manière des grands auteurs populaires, mais la transition vers la SF est plus difficile, en raison de la spécificité de ses outils thématiques et de narration. Certains, d'ailleurs, s'y cassent les dents; échouant à appréhender l'essence du genre, ils se cantonnent dans des poncifs qui vont le plus souvent de pair avec une méconnaissance des faits scientifiques les plus élémentaires. D'autres s'en tirent par la transposition; c'est par exemple le cas de Jacques Hoven, dont les meilleurs titres sont ceux où il recourt aux thèmes et aux techniques du roman colonial ou de la littérature d'espionnage. Mais G.-J. Arnaud, en dépit de son manque d'intérêt avoué pour la SF, va d'emblée s'inscrire au coeur du genre - pour en détourner aussitôt certains clichés.