Homme secret, homme de l'ombre par nature autant que par nécessité, Raymond Aubrac aura été intimement lié à plus d'un demi-siècle d'histoire, en France comme à l'étranger. En France, il est l'une des grandes figures de la Résistance, dont il a été l'un des pionniers dès 1940. Adjoint du chef de l'Armée secrète, le général Delestraint, à partir de 1942, plusieurs fois arrêté, plusieurs fois évadé (on se souvient du livre de Lucie Aubrac, ils partiront dans l'ivresse), il est, avec le docteur Dugoujon, le dernier survivant du rendez-vous de Caluire, le 21 juin 1943, au cours duquel Jean Moulin fut arrêté. Sur ces évènements, et d'autres, dont sa rencontre avec de Gaulle à Alger, Raymond Aubrac apporte un éclairage inédit
Mais la vie de Raymond Aubrac ne se limite pas à la Résistance. Commissaire de la République à Marseille à la Libération, puis directeur du service du déminage, il a participé à la reconstruction du pays. Créateur d'un bureau d'études, il a ensuite travaillé, de 1948 à 1958, avec les démocraties populaires et avec la Chine. Il s'explique, là aussi pour la première fois, sur son engagement aux cotés des communistes comme compagnon de route. Le troisième volet de ces Mémoires, et non le moindre, est consacré en grande partie aux deux guerres d'Indochine. Proche d'Ho Chi Minh, Raymond Aubrac a été mélé de très près aux négociations secrètes qui ont accompagné ces guerres. Sur ce point, il apporte des révélations sur les coulisses d'une guerre qui a mu l'opinion publique internationale. Il revient sur l'action d'hommes qu'il a bien connus alors : Henry Kissinger, Robert McNamara, Kurt Waldheim, Pham Van Dong, et montre l'importance du role joué par le mouvement Pugwash, avec lequel il a travaillé. Les Mémoires de cet homme de 82 ans, qui a été au coeur d'évènements majeurs sont une pièce de premier ordre à verser au dossier de l'histoire du XXe siècle en France et dans le monde.