Comme nous l'avons expliqué dans la présentation des Décombres, l'œuvre proprement autobiographique de Lucien Rebatet se répartit en carnets, en cahiers de Journal, généralement inédits, et en textes de souvenirs personnels et de choses vues, inédits ou non, qu'il semble avoir eu l'intention de publier en un tout sous le titre général : « Les mémoires d'un fasciste ».
Dans ce tout, il comptait vraisemblablement faire entrer les 536 premières pages de l'ancienne édition des Décombres. Nous avons repris Les mémoires d'un fasciste comme titre général, publié Les Décombres dans le Tome I. Les neuf dixièmes de ce Tome II, entièrement inédits, ont été rédigés par Lucien Rebatet à partir de décembre 1970. Ils reprennent à peu près là ou l'auteur s'était arrêté à la fin du Tome I, c'est-à-dire à l'automne 1940, et couvrent les années 1941 à 1944. La mort de Lucien Rebatet, survenue brutalement le 24 août 1972, l'empêcha de mener plus loin son entreprise. Ses Mémoires proprement dites s'arrêtent donc à l'automne 1944. Fort justement, à notre avis, Madame Rebatet y a ajouté trois textes : en premier lieu, une large part d'un article sur Céline publié dans le numéro 3 de l'Herne (1963), dans lequel Lucien Rebatet évoque l'arrivée de « Ferdinand » à Sigmaringen en novembre 1944, son séjour et son départ pour le Danemark quatre mois plus tard. En second lieu trois pages de notes extraites d'un manuscrit inédit consacré à la genèse des Deux étendards (auquel l'auteur fait allusion à la page 113) et se rapportant à la fin de 1944, au début de 1945 et au 8 mai de la même année, date à laquelle Lucien Rebatet se constitua prisonnier des troupes françaises à Feldkirch. Enfin l'article célèbre On ne fusille pas le dimanche, publié par Jean Galtier-Boissière en 1953 dans le numéro 21 du Crapouillot, et dans lequel Lucien Rebatet évoque son procès, sa condamnation à mort et les cent quarante et un jours de chaînes qu'il fit avant d'être gracié le 9 avril 1947.
Jean-Jacques PAUVERT ...