Une oeuvre méconnue de Frédéric Dard ...
Publiée en 1946, écrit au lendemain de la libération par un Frédéric Dard âgé alors de 25 ans.
Une œuvre de jeunesse donc, passée plutôt inaperçue, non seulement en raison du contexte historique tumultueux, mais aussi parce que Dard n'était encore pas un auteur reconnu. L'histoire de ce court roman est simple tout en explorant avec finesse la complexité et les fractures d'une époque : un couple et leurs deux enfant sont dans une chambre et se cachent. Le fils a été milicien, et la fille avait un amant allemand. Mais la Libération est là, avec son cortège de joie, l'ivresse de la liberté retrouvée, l'ivresse tout court également, mais aussi son lot de déferlement de haine, de règlements de compte et de justice expéditive, son lot d'exécutions et de tonte des femmes accusées de « collaboration horizontale » en place publique.
Ces quatre personnes sont enfermées et attendent. Leurs pensées errent, analysent, se souviennent, et l'on passe d'un personnage à l'autre, au fil des heures qui s'étirent dans leur incertitude. Dard dresse des portraits sans complaisance ni cruauté inutile, lui qui avait été le spectateur de lynchages publics lors de la fin de l'occupation nazie. Inutile d'en dire davantage sur le déroulement de l'histoire, je vous laisse le plaisir de la découverte. L'écriture est fine, précise, et malgré toutes les imperfections d'une œuvre de jeunesse, on se laisse captiver autant par le sujet que par la qualité de l'écriture.