Un soir d'hiver, il y a trois ans. Quatre cents élèves de l'Ecole polytechnique assistent à une séance d'hypnose. Quatre cent descartes, mains blanches posées sur leurs maigres cuisses, ricanent devant un mage. Celui-ci parle, doux, tendre. Il se répète. Joue. Agresse. Bientôt, une trentaine d'élèves le suivent sur scène. Tour à tour ils rampent, grognent, se déshabillent. Oublient le chiffre 2. Ecartent toute raison. Comme ils sont amusants, mes petits porcs ! Au réveil, les élèves ont tout oublié. Ils ont croisé... qui, au juste ? Un illusionniste ? Un prophète ? Ils ont pataugé dans une boue d'épouvante, dont il ne reste rien. Mon frère qui était dans la salle m'a raconté cette histoire. J'y ai cru car je crois aux mots. J'ai été effrayé. Maël Jargeau se prostitue à Londres. Elle était l'icône de Vive l'enfer - une jeune femme éperdue, inatteignable. Jocelyn était le conteur passionné de cet enfer. Dans Londres, on le découvre colleur d'affiches. Il y vend une marchandise de chair, écartelée, répétitive, expédiée de l'Est. Puis des parfums. Pour Maël, Jocelyn brise sa vie. Il se fait hypnotiseur, sous le nom d'Abraca Mola Stermione. Maël devient son assistante. Ils quittent Londres, partent sur les routes, gagnent Vilenne où ils sont nés. Ils y jettent le feu et le désordre.