Ce livre de l'historienne C. Mossé est le texte remanié de sa thèse (1959). Influencé par Moses Finley et Vernant, il inaugure le début de ses recherches consacrées aux rapports entre économie et société, à savoir principalement « comment l'égalité politique s'articulait sur les inégalités sociales, sur le fonctionnement réel de la vie politique et sur les éléments qui contribuèrent à modifier ce fonctionnement au cours des deux siècles examinés » [1995]. Cette problématisation reste pourtant attentive aux liens entre droit et politique que n'auront de cesse d'approfondir ses derniers travaux, illustrant ainsi autant sa rigueur d'historienne que sa passion de transmettre. Dans cet ouvrage, deux chapitres importants analysent déjà la réflexion menée par les "théoriciens" grecs du IVe siècle pour remédier aux luttes entre riches et pauvres d'une part, pour définir la politeia idéale d'autre part. Ce dernier terme est souvent employé au IVe siècle avec un sens voisin de celui qu'on donne au latin civitas mais aussi de "constitution" et surtout, comme le titre grec de La République de Platon nous le rappelle, avec un sens qui embrasse l'ensemble des problèmes éthiques et philosophiques qui se posent à l'homme. La recherche de la politeia idéale ne saurait donc se limiter à une réflexion juridique et politique portant sur les institutions mais intègre toutes les données propres à permettre le "bien vivre".