Par sa culture et sa civilisation, la Grèce ancienne se révèle comme l'architecte du logos au cœur des mythes, contribuant grandement à l'héritage occidental par des trésors intellectuels et des vérités éternelles. La définition classique de la justice prend ses sources dans les expressions mythiques de la dikaiosynè qui portent nombre d'images anthropologiques : Dikè, Thémis, Némésis. En effet, chez les Hellènes, la justice mythique, contrairement à celles des légendes orientales, n'est guère dépourvue d'une rationalité bienfaitrice pour l'homme. Dans les récits philosophiques hellènes, ce qui est juste, to dikaion, est incarné presque toujours par une figure féminine. Même l'idée de fécondité qui suit la justice porte le visage de la déesse Déméter. La justice, par extension, engendre ce qui assure la prospérité politique, tout en conservant en équilibre les rapports entre l'homme et le cosmos. La justice se dévoile dès lors comme principe régulateur de l'univers et de l'ordre social de la cité dans leurs mouvements continus. Ici les mythes racontent les combats des héros, les forces des divinités et l'évolution de la mentalité des citoyens dans le déploiement de leur histoire et l'évolution de leur culture. La multiplicité des formes anthropologiques de la justice à travers la symbolique des mythes éclaire ce qu'Aristote affirme dans l'Éthique à Nicomaque : « la justice se dit de plusieurs façons ».