L'Homme des foules est l'un des plus étranges récits d'Edgar Poe. Assis à la terrasse d'un café londonien, un flâneur observe avec détachement la foule des passants. Attiré par le comportement d'un vieil homme, il décide de le suivre une nuit et toute une journée à travers la ville. Au terme de son errance, il comprendra en quoi le vieillard, emporté par la houle humaine, est « le génie du crime profond ». Jean-François Mattéi propose une lecture philosophique de ce conte à partir du regard distancé du narrateur et du regard vide du fuyard. À la suite de Baudelaire, de Tocqueville et de Benjamin, il montre comment l'homme démocratique associe le plaisir d'être dans les foules à l'angoisse de s'y perdre. La duplicité de l'énigme du conte révèle alors la clef de l'énigme de Poe dans La Lettre volée.