Montségur fut autrefois, sur la cime de sa montagne, comme la dernière porte terrestre avant le ciel. Les hommes qui vécurent là ne furent pas plus purs ni moins pesants que les autres. Ils s'étaient simplement hissés jusque là-haut pour échapper aux malheurs de leur temps.
« Parfaits », pauvres gens ou chevaliers perdus, ils étaient hérétiques. Ils ne croyaient pas aux vérités du pape et de ses évêques. Pour punir ce crime, et ramener aux raisons de l'Église les gens que leurs prêcheurs avaient convaincus, une innombrable armée de Croisés avait déferlé, dès 1209, sur les terres du comté de Toulouse.
Et l'on avait inventé l'Inquisition pour brûler les herbes rebelles. Vers le milieu du XIIIe siècle le pays remuait encore, mais il était quasiment soumis.
Seul Montségur restait inviolé. Peut-être ceux de la haute montagne se crurent-ils dans la main de Dieu. Le fait est qu'un jour quelques hommes en descendirent avec l'espoir déraisonnable de libérer leur peuple de ces occupants et de ces inquisiteurs qui le martyrisaient.
Ce livre dit l'histoire de leur expédition et de ses suites imprévisibles. Certains y trouvèrent la mort, d'autres une vie nouvelle qu'ils n'avaient osé espérer, comme cela parfois arrive dans cet étrange monde où ils vécurent, et où nous sommes après eux.