Mercier et Camier nous invitent au voyage. La contrée qu'ils vont parcourir, une île jamais nommée, est parfaitement reconnaissable. C'est l'Irlande, merveilleusement décrite ici, avec ses landes de bruyères, les jetées de ses ports lancées vers le large pour enlacer la mer, ses sentiers parmi les tourbières, les écluses du canal de Dublin, tout un paysage si cher à Samuel Beckett et si souvent présent en filigrane dans toute son œuvre. Le but du voyage de Mercier et Camier n'est guère précis. Il s'agit " d'aller de l'avant ". Ils sont en quête d'un ailleurs qui, par nature même, s'abolit dès qu'il est atteint. Leurs préparatifs ont été extrêmement minutieux, mais rien ne se passe tout à fait comme prévu. Il faut d'abord parvenir à partir ce qui n'est jamais une mince affaire. Il faudra ensuite rebrousser chemin pour moins mal se remettre en route derechef. Il pleuvra énormément tout au long du voyage. Ils n'ont qu'un seul imperméable à se partager et, après maints efforts, leur parapluie refusera définitivement de s'ouvrir. Leur unique bicyclette va bientôt être réduite à peu de chose : on a volé les deux roues. Cependant, mille embûches ne peuvent les faire renoncer à quitter la ville. Mercier et Camier vont nous entraîner par monts et par vaux, et d'auberges en troquets où le whisky redonne courage. C'est qu'il faut du courage pour affronter leurs rencontres souvent périlleuses avec des personnages extravagants, cocasses ou inquiétants, voire hostiles, au point qu'un meurtre sera commis. De quiproquos en malentendus, de querelles en réconciliations, ainsi va le constant dialogue entre Mercier et Camier qui devisent et divaguent chemin faisant. Mercier et Camier sont unis dans l'épreuve et, si différents que soient leurs caractères, ils semblent à jamais indissociables. Cette solidarité survivra-t-elle aux péripéties du voyage ? Où vont-ils aboutir et peuvent-ils demeurer inchangés au terme d'une pérégrination si mouvementée ?