Les poètes sont toujours en filiation, et en ce sens Char est fils de Rimbaud. Et puis, venant se greffer sur le contemplatif qu'il y a en tout poète, le don d'action développé à un degré extraordinaire, don sensible tant il en anime l'écriture. Une telle faculté d'action confère à la poésie de l'être un sens des conséquences qui n'appartient qu'à Char ; elle le doue de la fougue dramatique qui l'identifie ; c'est elle qui fait sa complétude. Contemplation, action et réflexion sont chez René Char indissociables.
Guerre et Résistance. Il n'y a pas double vie. Char ne fut le résistant qu'il a été historiquement qu'en absolue continuité avec le poète qu'il était. Ces poèmes ne sont pas un reflet du combat mais l'une des armes de ce combat ; ils sont écrits pour respirer. Écrits pour vaincre ? Quel poète ne reprendrait pas la phrase de Nietzsche que Char aime à citer : « J'ai toujours mis dans mes écrits toute ma vie et toute ma personne. J'ignore ce que peuvent être des problèmes purement intellectuels ? »