Ils sont cinq inséparables rodés par la guerre en Europe et en Indochine, liés par quatre ans de captivité dans un camp du Viet-Minh. Afin de ne pas quitter ses amis, le lieutenant Patrice Andrieux demande son affectation au 3' Etranger et part avec eux sur l'Athos Il qui conduit huit cents hommes du Corps expéditionnaire en Algérie au mois de novembre 1954. A ces baroudeurs, que demande-t-on ? Officiellement, de réduire quelques bandes armées qui se livrent à des exactions dans les djebels. En fait, il s'agit de pacifier une rébellion d'hommes bien organisés dont l'autorité s'impose par la terreur et la violence. Dès le début, l'alternative est s'en aller ou « obtenir des résultats », ce qui se résume à employer les mêmes moyens que l'adversaire, à utiliser la torture au besoin pour arracher des renseignements qui permettront de monter des opérations de nettoyage efficaces. Tel est le choix imposé à tous ceux qui sont engagés dans ce combat, dont Andrieux et ses camarades Bernis, Arp, Retz et Tahar Kahil sont les représentants typiques. Qu'Andrieux y répugne n'implique pas que Bernis, d'emblée décidé à agir, soit un bourreau ? il obéit aux impératifs de la guerre cruelle que Paul Bonnecarrère analyse ici avec une lucide maestria.