À une époque indéterminée, deux cent ou trois cent ans après le désastre historique du XXème siècle, la planète a été ravagée par les guerres, les catastrophes écologiques et les génocides ; les espoirs révolutionnaires ont été systématiquement déçus et les rares survivants de l'humanité agonisante sont maintenant regroupés dans la ville d'Oulang-Oulane.
Aux marges de cette mégalopole, Mevlido, qui exerce la profession d'inspecteur de police, mène une vie de survivant dans un ghetto sordide, le Poulailler Quatre, où survivent les membres de la «sous-humanité», refugiés pouilleux, malades mentaux, vieilles bolcheviques insanes et oiseaux menaçants, sous la lumière d'une lune inquiétante. Dans cette atmosphère crépusculaire et moite, Mevlido est un héros englué dans ses fantasmes, ses cauchemars et dans les mensonges qu'il doit faire, à la hiérarchie policière, à la psychiatre et à tous les autres pour protéger ses rêves. Il partage sa vie avec Maleeya Bayarlag, une femme abîmée par la perte de son compagnon tué dans un attentat, et qui a depuis basculé dans la folie. Et Mevlido est lui-même égaré et psychiquement fragile, sans cesse assailli par les souvenirs et les songes de la femme qu'il a aimée, Verena Becker, martyrisée et assassinée vingt ans plus tôt par des enfants soldats. Toutes les femmes qu'il croise et qui meurent autour de lui le renvoient vers cette quête de Verena Becker à laquelle il ne peut renoncer.
Mevlido est-il dans le rêve ou la vie éveillée ? Déjà au-delà de la vie ? Ou se trouve le mensonge et la vérité ? Ces questions se posent, mais on peut s'en défaire puisque la recherche de vérité et d'idéal apparaît comme vouée à l'échec.