Lui, « on », c'est le héros. Il, c'est Laurent Graff, l'auteur, celui qui prend « on » en filature, de sa première gorgée de café fielleux à son dernier bâillement puis sommeil. « On » vit sa vie comme un taulard sa promenade, heures fixes, petite rotative impitoyable et désespérante, petit broyeur douceâtre. Tout n'est plus qu'une enfilade monotone de petites ingurgitations (cafés, plats, apéros) et dégurgitations (pisse, sperme). Et puis, un jour, l'abcès crève. On se répand comme un petit geyser de pus. La plongée, bouteille au dos, vers le fond, tout au fond. La mort fait l'effet d'une clé retrouvée dans les replis d'une poche. Quelque part des réveils sonnent. On se lève. D'autres « on », bientôt morts, affaire de temps, d'usure. C'est ce qu'on dit.
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"Les personnages d' II est des nôtres se nomment tantôt Ambroise, Achille ou Arsène, et autres AAAAA, comme les andouillettes. Ils baguenaudent d'un texte à l'autre, Pas vraiment semblables, pas vraiment différents. Au point qu'on en vient à les confondre et à s'interroger (très brièvement) : ce livre est-il un roman en parcelles ou un recueil de nouvelles en continu? L'affaire a finalement peu d'importance, tant prime ici le ton de Laurent Graff. Enjoué, savoureux. Cet auteur-là écrit avec tant d'espièglerie, de finesse acide. qu'il métamorphose le pathétique de notre quotidien en pur bonheur (de lecture)."
Martine Laval, Télérama.
"Laurent Graff a parfaitement réussi son petit livre au montage original. Regard acéré, clarté du style, ironie acide. Graff traque nos travers et nos illusions. Nous met à nu en quelques phrases. Et nous fait rire, d'un rire grinçant de désespoir."
Gérard Guégan, Ouest-France Dimanche.