Selon les chiffres officiels, cinquante millions de personnes dans le monde sont victimes de déplacements forcés. Réfugiés, demandeurs d'asile, sinistrés, tolérés, déplacés internes..., les catégories d'exclus se multiplient, mais combien sont ignorées : retenus, déboutés, clandestins, expulsés... Face à ce drame, l'action humanitaire s'impose toujours plus comme la seule réponse possible. Sur le terrain, pourtant, le dispositif mis en place rappelle la logique totalitaire : permanence de la catastrophe, urgence sans fin, mise à l'écart des indésirables, dispense de soins conditionnée par le contrôle, le filtrage, le confinement ! Comment interpréter cette trouble intelligence entre la main qui soigne et la main qui frappe ? Après sept années d'enquête dans les camps, principalement africains, l'auteur révèle leur inquiétante ambiguïté et souligne qu'il est impératif de prendre en compte les formes de contestations et de détournements qui transforment les camps, les mettent en tension, en font parfois des villes et permettent l'émergence de sujets politiques. Une critique radicale des fondements, des contextes et des effets politiques de l'action humanitaire.