À mes yeux fous, la terrible réalité qu'un monde obscur existait se révéla lorsque je plongeai mon regard craintif en direction du champ des pommiers. Les arbres étaient en fleurs. Existait-il seulement au monde une espèce d'arbre, dont les fleurs, noires et duveteuses, aux pétales difformes, se mouvaient sans force particulière ? Il n'y avait pas de vent. Aussi, qui était responsable du frémissement des branches ? Comment les racines, extirpées du sol comme si elles avaient été victimes d'un tremblement de terre, vibraient-elles ? Les feuilles grises et maladives des pommiers frissonnaient. Depuis les fleurs tombait une poussière opaque, tel un épais nuage de cendres craché par un volcan, qui ondoyait dans les airs sans jamais se déposer plus bas. Dans cet improbable spectacle, l'horreur absolue apparut sous la forme de pommes.