A la fois marginale et spectaculaire, une anecdote résume bien les choses. Le 15 avril 2009, l'ancien maoïste André Glucksmann se voyait remettre la Légion d'honneur par Nicolas Sarkozy. Ce jour-là, dans les salons de l'Elysée, le président de la République rendait hommage au « nouveau philosophe », le patron de la droite libérale honorait l'intellectuel formé à l'école de la révolution. Il le tutoyait publiquement. Il se félicitait de leur amitié. Il soulignait lui-même la qualité toute particulière d'une complicité apparemment paradoxale : « Franchement, c'était pas écrit... », ironisait Sarkozy. Ce faisant, il délimitait l'espace de notre tâche : écrire le récit de cette souterraine camaraderie. Plus largement : comprendre comment les maoïstes français sont passés du culte de l'Orient rouge à la défense de l'Occident. En un mot, raconter l'aventure des Maoccidents.