Né en France sous sa forme la plus rudimentaire avec les opérateurs Lumière, le documentaire a acquis ses lettres de noblesse hors de France avec Robert Flaherty aux États-Unis. Dziga Vertov en Union soviétique et John Grierson en Grande-Bretagne. Pour sa part, le documentaire français s'est construit sous l'influence des techniques et des climats historiques, chaque décennie apportant sa contribution et ajoutant des genres nouveaux.
Les foyers les plus productifs ont été la Nouvelle vague documentaire au moment de la transition du muet au parlant, un instant de création cosmopolite entre populisme et avant-garde ; l'effervescence de l'après-guerre, surtout dans le court-métrage ; la révolution du direct en liaison avec Montréal et Paris dans les années 1960 ; l'exploration de la mémoire vivante et le cinéma militant des années 1970 ; puis, grâce à la vitalité de la production au cours des années 1980, l'explosion du documentaire « de création », qui contribue à faire de la France un pays d'accueil pour les documentaristes du monde entier.
Le documentaire contemporain est très loin du documentaire des origines, renouvelant sans cesse les hypothèses de départ. Un cinéma à part entière, français par le label, mais riche de rencontres multiples, européennes et américaines. Guy Gauthier, ancien rédacteur à Image et son, à La Revue du cinéma au Mensuel du cinéma et à CinémAction, est l'auteur de plusieurs monographies sur Andreï Tarkovski (1989), René Allio (1993) et Chris Marker (2001).
Il a publié, en 1997, une étude stimulante sur le cinéma documentaire intitulée Le Documentaire, un autre cinéma. Documentaire : le mot et la chose. Premières années : les tâtonnements (1895-1920). Années folles : avant-garde et populisme (1920-1930). Les temps difficiles (1930-1945). Le triomphe du court-métrage (1945-1960). Le temps du direct (1960-1970). De nouvelles terres en vue (1970-1985). Le réel en quête d'auteurs : repères (1985 et après).