L'aventure éditoriale de La Conjuration des imbéciles mériterait à elle seule qu'on lui consacre un roman, tant elle semble sortir tout droit de l'esprit d'un auteur en mal de publicité. Nous sommes en 1976 et Walker Percy, romancier et universitaire américain, est la cible d'une femme le pressant de lire le manuscrit de son fils, ce dernier s'étant suicidé sept ans plus tôt. Elle le harcèle tant et si bien qu'il s'y plie, d'abord de mauvaise grâce. Mais ce qu'il découvre le stupéfie.
À ma connaissance, écrit-il, Ignatius Reilly [le personnage principal] n'a aucun ancêtre dans la littérature. C'est un Oliver Hardy dément, un Don Quichotte gras, un Thomas d'Aquin pervers.
Percy en est convaincu, l'oeuvre doit être publiée. La Conjuration des imbéciles n'a effectivement pas d'équivalent dans l'univers du roman. Ce livre conte les déboires d'un être inadapté souffrant de la bêtise de son entourage, un garçon pataud aux prises avec ses ennuis gastriques, mais également un esprit supérieur. Éructant son exaspération, il laisse entrevoir ce qu'a sans doute été son auteur, un génial incompris. John Kennedy Toole a reçu, à titre posthume, le prix Pulitzer en 1981 pour cette oeuvre unique. --Lenaïc Gravis et Jocelyn Blériot --Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.