Le changement dynastique n'est que l'un des effets de la révolution de 1830. Les Trois Glorieuses et la monarchie qu'elles engendrèrent, portées par les parties les plus dynamiques de la société - gens de plume, artistes, entrepreneurs, jeunesse étudiante -, par l'impressionnante galerie des « hommes nouveaux », par la frange la plus éclairée de l'aristocratie et des catholiques, ne sacrifièrent guère à l'utopie.
La volonté d'implanter en France des mœurs et des institutions libérales était un projet solide, réaliste, conçu pour l'avenir. C'est lui qu'il faut créditer du progrès des libertés, du développement économique, du maintien de la paix au prix de quelques déconvenues et même de l'exceptionnelle floraison romantique. Si ces avancées, cette acclimatation au parlementarisme, cet enrichissement , certes bien inégalitaire, du pays ont fini emportés par le torrent de 1848, c'est en partie parce que les équipes dirigeantes, à l'épreuve du pouvoir, n'ont pas bien su accompagner le projet : défaut d'imagination devant l'événement, routine, rivalités personnelles, aveuglement ou sincérité douteuse du roi, scandales, résistance au changement, particulièrement en matière sociale, tout vint pervertir et gauchir une construction qui aurait peut-être assuré à la France un avenir meilleur.
On aurait tort de condamner les idées et les aspirations des hommes de 1830 au motif que le régime a sombré dans le discrédit et a partiellement échoué à unir la nation. Nourri de l'intime connaissance que son auteur a de l'orléanisme, éclairé par de longs passages dus à d'illustres témoins - de Hugo à Chateaubriand, de Tocqueville à Guizot, de Rémusat à Louis Blanc. -, enrichi des recherches et des problématiques les plus récentes, ce livre offre la synthèse précise et vivante qui manquait.
Un grand pan de notre histoire, longtemps négligé, nous est ainsi révélé.Membre de l'Académie française et de l'Académie des sciences morales et politiques, chancelier de l'Institut de France, Gabriel de Broglie est l'auteur de plusieurs biographies sur l'orléanisme et sur les grands représentants de ce courant : Guizot, Mme de Genlis, Mac Mahon, etc.