"J'ai trahi, volé, tué, commis tant de fois le mal que le diable ne me trompe jamais. Je sais quand il approche. Au premier regard, j'ai compris que cette femme, Esther Stanhope, serait un danger mortel. C'était le 3 février 1809. Jusque-là, les épreuves n'avaient pas manqué, mais je les avais surmontées, et celles que j'avais connues depuis le départ de Nantes en compagnie de Simon Le Floch et Roustam n'étaient rien, eu égard à ce que moi, François Malthus de Retz, j'avais affronté avant. Pour être précis et vrai, mes manoeuvres, mes tromperies avaient produit peu d'effets malgré ce que je détenais : une résine de myrrhe qui, distillée, était devenue un remède inestimable. J'étais la preuve "vivante" que l'onguent guérissait les plaies mortelles. Mais pour que l'alchimie se répète, il fallait trouver la vallée de l'ancien royaume de Saba où prospérait le suc des arbres à myrrhe. Une expédition risquée, même si une carte d'Arabie devait m'y conduire. Alors, si ce trésor existait, la substance qui m'avait sauvé serait reproduite des centaines, des milliers de fois ? et combien encore ? De quoi soigner et soumettre n'importe qui. Mon projet se résumait donc ainsi : posséder cette substance bienfaisante par n'importe quel moyen, quitte à commettre les pires exactions."