L'Égypte. Hier, monarchie, aujourd'hui République, caricature de démocratie et pauvres voix bâillonnées. Hier, nos mères, avant elles nos grands-mères, marchaient le long de l'avenue Kasr-el-Nil, les Champs-Élysées du Caire, bras nus, vêtues à la dernière mode de Paris, pomponnées, visage à découvert.
Elles étaient pourtant de fières musulmanes. Les dignes filles du Prophète. Alors ? Que s'est-il passé ? Pourquoi aujourd'hui leurs filles avancent-elles masquées ? Torturées d'interdits, de silences imposés, le corps anéanti par les ténèbres.
Pourtant, c'étaient leurs mères.Était-ce dans un autre pays ? Que s'est-il passé ?
J'entends des voix. Les entends-tu papa, qui montent de cette Andalousie égyptienne brûlée, de cette Cordoue alexandrine éclatée ? Nasser. Farouk. Le colonel et l'enfant-roi.1952. La révolution. Des lambeaux de vie dispersés à tout jamais.On a conjugué l'Égypte au singulier. Pour le meilleur et pour le pire. Que s'est-il passé ?
Voici enfin la grande fresque de l'Egypte moderne, depuis l'incendie du Caire à la nationalisation du Canal de Suez et la guerre des six-jours, admirablement restituée par Gilbert Sinoué. Au-delà des destins croisés de Nasser, prince du peuple, et Farouk, éternel enfant-roi, c'est toute la genèse de l'inextricable poudrière du Moyen-Orient qui nous est relatée.