Le milieu des grands patrons français ne constitue pas, loin s'en faut, une classe homogène. Bien au contraire. Les nouveaux entrepreneurs forment un groupe parfaitement hétérogène du point de vue de leur genèse. En d'autres termes, il n'y a pas de portrait type du grand patron. On trouve de tout dans les grandes réussites financières et industrielles françaises : le self-made-man, le modernisateur, l'inventeur, l'héritier, le revanchard, le patient, le roublard, le chanceux, etc. Rien de commun par exemple dans le parcours d'un Jean-Pierre Savare, principal imprimeur des billets de banque et de transport et celui de Marc de Lacharrière, patron d'une des plus grosses sociétés d'expertises financières. En effet, le premier est un complet autodidacte, le second un pur produit de l'ENA. Autre différence de comportement quand il s'agit d'envisager l'avenir pour ces grandes entreprises françaises. Certains optent pour le choix ancestral de l'attitude dynastique, d'autres n'hésitent pas à revendre leurs parts une fois leur but atteint. Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot sont tous les deux chercheurs au CNRS. Dans Nouveaux Patrons, nouvelles dynasties, ils analysent de près le comportement de ceux qui ont réussi. Ils s'efforcent de décrire comment l'on passe du statut de nouveau riche à celui de grand bourgeois. Et ce n'est pas si facile. Sérieusement documentée, voilà une enquête sociologique qui creuse en profondeur sous le vernis des apparences. --Denis Gombert