Ce livre va à l'encontre d'une représentation de la Terreur qui, depuis Thermidor, en fait un objet de dégoût et de honte dans l'histoire de la Révolution. Ce dégoût " n'est séparable ni du parallèle construit avec l'histoire des catastrophes politiques du XXe siècle, ni de l'idéalisation du modèle démocratique actuel ". La demande de terreur de l'été 1793 a pour cause l'effroi ressenti par le peuple parisien à la mort de Marat, effroi d'où émerge la détermination de " mourir pour la liberté " - la liberté ou la mort. C'est parce que l'Assemblée n'a pas mis en jugement ceux qui ont tiré sur le peuple aux Tuileries le 10 août 1792 que le peuple entre dans les prisons en septembre et reprend le glaive de la loi. Le souvenir de ces massacres hantera les révolutionnaires, soucieux " d'inventer les formes symboliques qui permettront de contenir l'ardeur ". Ainsi, le tribunal révolutionnaire est-il une manière de mettre des bornes à l'exception souveraine dans sa fonction vengeresse. Et la mise en équivalence morale de l'an II et de septembre 2001, " non-sens historique et philosophique, est l'effet de ce qu'on pourrait appeler la rémanence rétinienne de l'image de la terreur révolutionnaire ".