Piliers de bars, prostituées, receleurs, clochards, arnaqueurs en tout genre... tels sont les personnages qui jalonnent le récit nerveux de Larry Fondation, assemblage de vignettes, d'éclats de voix, de bribes d'action, d'inventaires aberrants ou de nouvelles laconiques. Dans une Los Angeles hallucinée, vue au ras du sol, tout semble régi par une violence brute, épidermique, désinvolte ; chaque situation, même la plus banale, peut basculer vers l'irremediable. Autant marque par les romans-collages de Dos Passos, la photo de Cartier-Bresson ou le rap de NWA, Larry Fondation construit des pièces composites, d'où jailli une poésie inattendue. Avec une économie qui évoque le minimalisme de Felix Feneon ou l'ironie des Crimes exemplaires de Max Aub, l'Américain cisèle ses textes pour les rendre plus percutants, et atteindre une pureté où la moindre phrase compte. Fondation parvient à saisir ces instants fugitifs qui, résumes en quelques lignes, laissent transparaître la folie désespérée d'un monde à la dérive. Folie qui glisse parfois jusqu'à l'absurde - l'humour et l'optimisme perçant alors derrière les fissures du bitume qui sert de décor à ses saynètes implacables.