A trente-six ans, Victor-Vong, peintre métis à la grâce asiatique, ex-enfant chéri de l'art contemporain, est déjà au creux de la vague, éjecté du cercle de la jet-set parisienne pour lui avoir tendu un miroir trop ingrat.
Mais son instinct de survie n'a d'égal que sa détermination. Le voilà à Phnom Penh, ville de ses origines perdues, avec un projet oecuménique et consensuel imbattable : "Quatre-vingt-dix figures pour le roi", une série de portraits en hommage au monarque Norodom Sianouk sur le point de fêter ses quatre-vingt-dix ans, idée brillante qui devrait lui gagner le soutien logistique et surtout matériel de tous les partenaires possibles palais royal, université, ambassade, etc.
Derrière le symbole, il s'agit pour V. V de financer son exil, le temps de voir venir jusqu'à la prochaine bonne idée, de se réinventer aussi. Mais rien ne se passe comme prévu dans un Cambodge où le brasier de l'histoire crépite encore. Et tout en affrontant une succession de revers tragicomiques, Victor-Vong va devoir apprivoiser les séquelles de l'horreur du génocide comme une langue maternelle oubliée. Satire féroce du jeu de l'artiste et du système, L'Anniversaire du roi est aussi et surtout une réflexion aiguë sur la persistance du passé dans un pays dont les plus terrifiants fantômes sont bien vivants.
Un roman stratège et plastique qui place le lecteur au coeur d'une expérience de la responsabilité.
Avec une exactitude imparable, Marc Trillard y orchestre les noces amères de la passion et de la lucidité.