Le Fana de l'Aviation No.550 - Septembre 2015

Le Fana de l'Aviation No.550 - Septembre 2015

Le Fana de l'Aviation No.550 - Septembre 2015
84 Pages | HQ PDF | 102 Mb

Le Fana de l'Aviation fait partie du petit cercle des grandes revues d'histoire de l'aviation dans le monde. Né en 1969, ce mensuel est aujourd'hui "LA" référence, grâce à la qualité de ses articles et à son iconographie. C'est aussi une revue moderne qui colle à l'actualité de l'aviation ancienne et qui suit l'évolution de l'histoire.





Hubert Mingarelli - L'année du soulèvement

Hubert Mingarelli - L'année du soulèvement


Hubert Mingarelli, romancier, nouvelliste, est notamment l'auteur de Quatre soldats, prix Médicis 2003, Hommes sans mère, Océan Pacifique. Son oeuvre est traduite dans une dizaine de langues.

Extrait :

"Les trois hommes gravissaient le versant doré de la colline, entre les fougères et la bruyère. Par endroits, ils enjambaient la source qui descendait le flanc escarpé. L'officier San-Vitto marchait en tête. On lui avait retiré sa veste d'uniforme et sa ceinture. Afin que son pantalon tienne, il en avait roulé le haut sur ses hanches, et pour cacher qu'on lui avait pris sa ceinture, il avait sorti sa chemise par-dessus. La plupart du temps il regardait par terre, là où il posait les pieds, et il faisait un grand pas au-dessus de l'eau lorsqu'elle traversait le sentier. Lorsqu'il levait les yeux pour apercevoir le sommet, il ne le voyait pas à cause des châtaigniers et des chênes. Alors il regardait vers le bas, il voyait des routes, des champs jaunes et des maisons. Derrière lui, Daniel grimpait en suivant des yeux le bord du sentier. Il chantonnait tout bas. Il était jeune et maigre, et par moments, il se voûtait comme un vieillard et du menton il touchait son sternum. Quelquefois, il levait les yeux sur le prisonnier. Puis il recommençait à chantonner, et à surveiller le bord du sentier..."












Hubert Mingarelli - La lettre de Buenos Aires

Hubert Mingarelli - La lettre de Buenos Aires

En phrases nouées comme des rivières vertes et silencieuses, qui se délitent, enflent et cheminent vers une réconciliation parfois infime, Mingarelli embrasse les mystères de la vie, délace des tragédies d'hommes humbles, tous antihéros. La nature, sauvage, aride, magnifique, prend ici des allures de mère consolatrice, comme une improbable promesse.

Extrait :

"Une souris mélancolique me regarde pendant que je fais la vaisselle. Il y a quelques jours déjà qu'elle sort du tas de bois que j'ai monté devant la fenêtre, et qu'elle me voit à travers la vitre. Elle a dû faire son nid entre les bûches, et lorsqu'elle entend l'eau de mon évier couler dehors, elle grimpe tout en haut du tas, et ses yeux gris m'évoquent la mélancolie. [...] Je n'ai personne à qui parler ici, si bien que je parle à la souris. Je ne lui dis rien d'extraordinaire. Il m'arrive de faire durer ma vaisselle, ou même, lorsqu'elle est finie, de laisser couler l'eau. Ainsi elle ne retourne pas tout de suite à l'intérieur du tas de bois. Je reste debout devant l'évier et je continue à lui parler.C'est la nuit que j'aurais besoin d'elle. J'entends le ressac, et parfois le vent. J'entends battre mon coeur et je voudrais le dire à quelqu'un. La nuit, ma peur entre dans la maison et vient s'asseoir sur mon lit. J'entends alors la mer le vent et mon coeur, et j'ai du mal à retrouver le sommeil..."













Hubert Mingarelli - Un repas en hiver

Hubert Mingarelli - Un repas en hiver


Dans ce nouveau roman, Hubert Mingarelli met en scène des soldats d'une compagnie isolée en Pologne, dont la mission est impossible. Soit ils participent chaque jour aux exécutions sommaires, soit ils sont envoyés dans la campagne alentour pour en ramener « un », c'est-à-dire un Juif, qu'ils devront ensuite livrer à leur supérieur et donc à la mort.
Trois hommes, las des fusillades, prennent la route un matin, et avancent péniblement dans la neige, le ventre vide et les pensées tournées vers leur vie civile, sans autre choix que de prendre part à une chasse à l'homme à laquelle ils ne croient pas.

Extrait :

"On s'en alla, et pas longtemps après, je demandai pourquoi nous n'avions pas pensé à réclamer du lait chaud dans le village polonais. Ni Bauer ni Emmerich ne trouvèrent la réponse. Ce fut même un drôle de silence qui suivit. Et dans ce silence-là, je lus que le lait chaud, ils le voyaient en rêve maintenant, comme moi. Ils marchaient avec lui, et ça leur faisait un poids. J'entendais presque Bauer se parler, bien qu'Emmerich nous séparât. Emmerich lui, trébucha et se retint à mon bras. Leur rêve de lait chaud rendait le mien moins douloureux. un carrefour, nous nous demandâmes s'il ne fallait pas à présent lire le plan. Mais il était à l'intérieur du manteau d'Emmerich. Et ouvrir son manteau c'était prendre un bain d'eau gelée. Finalement on choisit une route vers le sud, nous disant pour plaisanter qu'il ferait moins froid là-bas."
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Hubert Mingarelli - Une rivière verte et silencieuse

Hubert Mingarelli - Une rivière verte et silencieuse

Un père aime son fils qui aime son père. Tout cela se vit sans éclat, dans une modeste maison, raconté à mots feutrés par le fils. Une rivière verte et silencieuse est un texte intemporel, dans une ville indéfinie, avec son usine de compresseurs au milieu d'une vaste étendue d'herbes hautes. Dans ces étendues grasses, le narrateur a creusé un tunnel à ciel ouvert, véritable refuge dans lequel il marche, imagine et rêve d'un bras de rivière traversé par un pont, une rivière verte et silencieuse. Le père a été ouvrier dans l'usine de compresseurs. Maintenant, il désherbe les pelouses des contremaîtres de l'usine. C'est un échec qui s'engourdit dans un quotidien précaire. Père et fils comptent alors sur leurs plantations de rosiers dans une centaine de pots qui rapporteraient assez d'argent pour vivre sans la hantise du lendemain. En attendant, on échange des jeux dérisoires, des silences songeurs, des têtes à têtes autour des repas, un rituel de la prière fondée sur l'espoir. Au bout des silences, des phrases courtes, il s'agit pour le narrateur de reconsidérer le père, de le mieux saisir, de pouvoir l'évoquer avec fierté, loin du "raté" méprisé par tout le monde.












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