Le plus beau roman de Crevel, le moins surréaliste et le plus autobiographique. L'auteur y parle de ses rapports conflictuels avec sa mère, de son amour douloureux pour le peintre américain Eugène Mac Cown, (Bruggle dans le roman), et surtout il y met en scène, de façon prémonitoire, sa propre mort, son propre suicide.
Pierre Dumont, homosexuel et toxicomane, personnage central de « La mort difficile », aime Arthur Bruggle l'Américain, venu en Europe comme laveur de vaisselle, maintenant dandy capricieux et insolent. Pierre est aussi aimé de Diane, « sa soeur d'ombre ». Quand Arthur trompe Pierre, ce dernier trouve, un temps, consolation auprès de son amie. Entre la douce compagne compréhensive et attentive et « son frère de lumière », représentant d'une jeunesse embellie par les fêtes et les griseries de toutes sortes, Pierre hésite, désorienté, troublé, fragile.
Roman poétique et désespéré, « La mort difficile » brasse à la fois le réel et l'imaginaire à coups de phrases brèves et de notations ironiques qui saisissent de l'intérieur les motivations des personnages.
Ce roman témoigne de l'obsession autobiographique et de la bisexualité de René Crevel et délivre un document essentiel sur une certaine jeunesse des années 1920.
La mort difficile... Tout est dit. Parler de la vie de Crevel, parler de l'oeuvre de Crevel, c'est d'abord parler de la mort, de sa mort, recherchée, crainte, espérée, redoutée, autour de laquelle il n'a cessé de rôder et qu'il choisira librement, à l'âge de trente-cinq ans, comme sa dernière révolte, le dernier et tragique manifeste de sa liberté.
« Une tisane sur le fourneau à gaz ; la fenêtre bien close, j'ouvre le robinet d'arrivée ; j'oublie de mettre l'allumette » : telle est la recette infaillible du suicide qu'il donne dans « Détours », son premier roman, paru en 1924... Prémonition de sa propre fin ?