Si le roman policier est là, construit comme un discours pour nous faire croire en sa logique, tous ses signes bien articulés n'auraient-ils pas pour but principal de nous faire oublier le rôle que nous tenons en les observant ?
La clé de lecture est ainsi donnée dès la première page du livre. Fragments d'histoire et points de vue divers s'installent ensuite dans la narration afin de contraindre le lecteur à recomposer le puzzle des vérités présentées.
Durant les cent vingt premières pages, nous suivons les pérégrinations d'un chiot, du chenil de sa naissance à son arrivée chez sa « logeuse », vieille dame aux contours psychologiques ambigus.
Ce petit road-movie, nous mène ainsi par l'absurde à percevoir nombre de données troublantes du quotidien, des éléments nous permettant de pressentir le(s) crime(s) perpétré(s) ; pour découvrir en un premier grand rebondissement combien la mémoire, peu fiable bien que puisant sa force dans l'effectivement ressenti, peut s'apparenter au mensonge.
En traitant des rapports entre la mémoire et l'oubli, le récit et le discours, la conception d'un temps non linéaire, ou plus généralement la pluralité des points de vue.
Ce roman pose les bases d'une démarche d'amnistie, étape essentielle vers une nouvelle séquence de vie. Telle une éponge de Menger, la vérité y est présentée comme un objet dynamique et fractal renvoyant à toujours plus de réflexion au fur et à mesure que l'on s'enfonce dans le creusement-recherche de nos certitudes.